Coaxis a été victime d’un ransomware dans la nuit du 7 au 8 décembre 2023.

La crise elle même a été vite oubliée en comparaison de la gestion de la crise qui s’est avérée catastrophique et devrait avoir des conséquences commerciales sur les deux acteurs, qui postulaient pour devenir partenaire (PDP) dans le cadre de la mise en place de la facturation électronique.

  • Acte 1 : la découverte de l »incident »
  • Vendredi à minuit, Coaxis est victime d’un piratage informatique de type ransomware. Afin de limiter la casse, Coaxis déconnecte le système et coupe tous les accès à ses clients. Les cabinets d’expertise comptable et leurs clients ne peuvent plus accéder au logiciel depuis minuit. 11 heures après la panne, à 11 heures 10 du matin, ACD envoie un mail à ses clients indiquant qu’une panne est en cours et que toutes les équipes sont sur le pont pour rétablir l’accès. Contactée, l’assistance téléphonique indique que tout devrait rentrer dans l’ordre à 14 heures. Vendredi soir, Coaxis publie un bulletin annonçant le piratage sur sa page Linkedin (son propre site internet étant indisponible).
  • Samedi, Coaxis publie un deuxième communiqué rassurant indiquant qu’aucune donnée n’a été perdue et que les équipes travaillent h24.
  • Acte 2 : du n’importe quoi à la langue de bois
  • Lundi matin, les équipes d’ACD apprennent par leurs clients que Coaxis a été victime d’un piratage. L’assistance téléphonique est injoignable. Lundi à 16 heures, ACD, envoit un sms reprenant les bulletins de Coaxis en indiquant qu’ACD se met en retrait pour laisser Coaxis gérer « l’incident ». Coaxis met en place un mail pour les contacter directement (le mail ne fait que renvoyer des copier-coller des bulletins officiels). A 16 heures, le conseil national de l’ordre des experts comptables dispense ses premiers conseils (communiquer avec les clients, prévenir le fisc et l’urssaf).
  • Mardi, Coaxis publie un bulletin laissant entrevoir l’issue rapide d’une sortie de crise et annonce des tests satisfaisants sur des premiers clients. A 10 heures, ACD envoie sa facture mensuelle par mail sans une seule mention de l’incident. A midi, ACD et Coaxis participent à une Keynote pour présenter leurs ambitions sur la facturation électronique et les nouveautés du logiciel. Un article de presse numérique mentionne que les laboratoires de santé hébergés chez Coaxis ne prennent aucun rendez vous avant le 18 décembre.
  • Mercredi, les premiers commentaires critiques apparaissent sous les articles Linkedin. Après les encouragements, les clients se crispent. Certains cabinets ont leur boite mail via ACD et ne peuvent ni communiquer avec le monde extérieur, ni envoyer les déclarations sociales et fiscales en mode EDI. L’Ordre et le Conseil National demandent aux experts de porter plainte auprès de la gendarmerie en charge de l’enquête, de faire une déclaration à la CNIL, et de constituer un dossier d’assurance.
  • Jeudi, Coaxis poursuit avec ses bulletins rassurants (tests en cours, travail H24, tout roule). Le Conseil National négocie des remises gracieuses pour les retards dans les déclarations du 15 décembre. L’assureur de la profession reçoit plus de 1.600 dépôt de plaintes. Les experts d’assurance n’arrivent plus à suivre et se mélangent les cabinets.
  • Vendredi, Coaxis annonce le succès de son combat contre l’attaque et indique que tout est rentré dans l’ordre. Les critiques sur la page Linkedin sont de plus en plus virulentes. Aucun cabinet n’a récupéré ses accès. Le délai du 15 décembre étant ce jour, les cabinets commencent à comprendre l’ampleur de la gestion des remises gracieuses de pénalités à faire. Les experts comptables ont furieux. L’ordre demande à centraliser les dépôts de plainte.
  • Acte 3 : le grand final d’ACD
  • Samedi, ACD Coaxis envoient un sms incompréhensible indiquant que tout sera réglé lundi matin. Le SMS est tellement mal rédigé que personne ne comprend qui doit faire quoi (être appelé ou attendre).
  • Dimanche, COAXIS bascule sa communication officielle sur son site internet (rétabli). Ce support ne permet plus les commentaires.
  • Lundi, le standard ACD sature. Les standardistes perdent leurs nerfs et ne donnent aucun planning pour être appelé (Coaxis n’avait pas pris la mesure de l’ampleur des appels). La remise en route irait du lundi au mercredi voire au jeudi. Aucune date, aucun créneau (« restez disponible derrière votre téléphone »). A priori, dix techniciens devraient refaire 600 accès à la main. Coaxis privilégie ses clients en mode hébergé et laisse ACD gérer les modes AOD. De façon contre intuitive, ACD choisit de connecter en premier les derniers clients rentrés (les v3 et v2) et de connecter les clients les plus anciens et les plus fidèles en dernier (les v1).

10% de la profession des experts comptables, des laboratoires de santé, et des PME ont été touchés directement par cette crise, provoquée par un virus connu chez un prestataire informatique certifié HDS (hébergement de données de santé) et ISO.

Beaucoup de questions se posent quant à la préparation du prestataire informatique face à ce risque : comment le virus est il rentré ? à quelle fréquence les mots de passe étaient ils changés ? pourquoi mettre les données des laboratoires de santé au même endroit que celle d’expert comptables ? quelles sont les conditions pour obtenir la certification iso et hds ?. L’enquête le dira mais à J+12, ACD n’a toujours pas eu un mot d’empathie pour ses clients et la reconnexion des clients s’avère très très laborieuse.

Cette crise laissera des séquelles commerciales. Le tandem ACD / Coaxis survivra t-il à cette crise ?

Durant une crise, la première chose à faire est de communiquer pour gérer le contenu et montrer qu’il y a un pilote à bord. ACD et Coaxis se sont laissé trainer dans la boue dans les commentaires sur linkedin sans rien modérer. Au contraire, l’Ordre des experts comptables a su prendre l’ascendant, rassurer les experts et prendre le relais d’une communication défaillante d’opérateurs informatiques. Les conséquences financières sur le décalage de paiement de centaines de millions de cotisations et impôt devraient aussi alerter l’Etat.

Et pour finir par un trait d’humour : bonnes fêtes à tous les clients ACD / Coaxis !!!

L’intelligence Artificielle sonne t’elle le glas de la relation client ?

  • Il faut avouer que depuis quelques mois, parler à quelqu’un quand on est en difficulté sur un site internet relève de l’exploit, et lorsque l’on y arrive, après avoir fait une série de  » #-1-« suivi de commande »-2-3- « oui »-1″, il faut tout ré expliquer depuis le départ pour, au final, avoir une réponse plus que décevante. Les meilleurs exemples : Dell, Microsoft, Orange, Infogreffe…. Clairement, le message est que l’on ne veut pas vous parler. Le robot doit pouvoir vous gérer sans humain.
  • Cette stratégie de remplacement de l’humain par de l’informatique est clairement la stratégie des start up qui se montent actuellement et qui tentent de faire mieux que les entreprises traditionnelles. Apeurées, les entreprises traditionnelles se mettent aussi à essayer de gagner un peu d’argent en informatisant leurs répondeurs téléphoniques. On le sait bien, un robot ne prend pas de congés, n’est pas malade et travaille 24h/24 7j/7 sans réclamer d’augmentation. L’humain devient coûteux et moins efficace.
  • A force de déshumaniser la relation client (allers retours de mails, annulation de commande…), on rend les clients frustrés et ils bannissent le site ou ont une image négative de la marque. Demandez moi mon avis sur les marques citées ci dessus 😉
  • Alors que tout le monde prédit la fin des experts comptables d’ici 5 ans, lorsque l’on fait un point des bilans sortis par Les Expertes au 31 décembre 2021, le constat est que les clients voulaient venir physiquement dans nos locaux pour nous parler. Parler de l’exercice écoulé, nous exposer leurs projets, se projeter, nous demander conseil, nous écouter leur suggérer des optimisations, les informer sur les nouveautés… Bref, être écouté en face à face. Avoir un contact humain. Pour nous, le rendez vous bilan est le moment clé de notre mission annuelle. Le bilan et la liasse fiscale sont le support de ce rendez vous mais l’essentiel est ce moment. Alors quand je vois la voie que prennent les start ups et les entreprises qui veulent gagner encore plus, je ne m’inquiète plus du tout sur notre avenir. Nous avons un boulevard et pour l’instant, aucun robot ne remplace cela. Parfois, on se demande si les entreprises ont compris en quoi consistaient leur métier réellement….

La mission ECF (Examen de Conformité Fiscale) peut être proposée depuis Janvier 2021, mais entre le Covid, et la période fiscale, elle a été assez peu proposée aux clients. En gros, le fisc délègue une partie de ses contrôles fiscaux aux professionnels du chiffre pour mieux cibler les entreprises à contrôler (a priori, celles qui ne prennent pas la mission ECF).

https://www.economie.gouv.fr/cedef/examen-conformite-fiscale

Les professionnels du chiffre et du droit peuvent la proposer mais, compte tenu des contrôles à effectuer, honnêtement, seuls les professionnels du chiffre ont les moyens de l’effectuer. Les AGA et CGA (Centre de Gestion Agrée) dont la mission s’arrête début 2023 viennent de comprendre que cette mission peut les sauver d’une fin annoncée, puisqu’elle ressemble assez à leur compte rendu de mission actuel (pour leurs clients à l’impôt sur le revenu).

Du coup, nous voilà inondés de mails des différents CGA qui proposent soit de faire la mission ECF en off pour le compte de l’expert comptable (en lui laissant une marge), soit de la faire en direct après avoir validé que l’expert ne voulait pas la faire etc. C’est la foire d’empoigne sur les prix, les modalités, et la manière de la proposer aux clients. Voilà de beaux moments de confraternité à venir…

Tout le monde s’y met, les prestataires de solution pour sortir le compte rendu « tout seul », les outils, les sous traitants etc. Reste à savoir si la mayonnaise va prendre auprès des clients. Après un sondage rapide auprès de confrères et d’entreprises, cette mission reste encore confidentielle.

De notre côté, nous proposons cette mission à tous nos clients depuis juin 2021 et nous avons développé notre propre outil en interne !

…. et autres pandémies à venir.

C’est le nouveau critère de choix à intégrer dans la sélection de son nouvel expert comptable. En effet, le confinement a fait ressortir deux catégories d’experts comptables :

  • ceux qui étaient déjà en zéro papier et pour qui le confinement n’a absolument rien changé. Voire, a facilité la sortie des bilans du fait d’une disponibilité accrue des clients pour les derniers arbitrages.
  • et ceux qui n’étaient pas du tout prêts et qui ont connu une période de cauchemar (transport de documents clients au domicile des collaborateurs, revue du dossier par l’expert comptable rendue complexe par la difficulté à consulter le dossier etc)…. et qui pour certains sont encore en train de sortir les bilans du 31/12/2019…

Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, la sortie du confinement n’a pas vraiment changé les choses et les experts comptables non digitaux n’ont pas eu le temps de changer, et n’ont pas non plus eu le temps de sensibiliser leurs clients aux changements. Pourtant cette période aurait du provoquer un séisme chez les confrères mais apparemment, le séisme n’est pas pour aujourd’hui… Et comme nous nous dirigeons gentiment vers la nouvelle période fiscale, parions que rien ne changera d’ici là.

Vous l’aurez compris, nous faisons partie de la première catégorie puisque nous sommes en zéro papier absolu depuis la création du cabinet. On dit ça, on dit rien…. 😉

Par ailleurs, Les Moulins (think thank de la profession) vient de publier une nouvelle étude sur l’impact de la digitalisation inéluctable sur la profession https://lesmoulins.club/etudes-des-moulins/ et son impact à prévoir sur les collaborateurs et leur évolution. Il va falloir encore et encore s’adapter. Nous sommes condamnés à toujours avancer pour se maintenir à flots !!!

Suite à l’annonce par le gouvernement de la loi Pacte, et particulièrement de la remontée des seuils d’obligation de nomination des commissaires aux comptes au niveau européen (voir l’article de ce blog), la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes a compris l’émotion suscitée par cette annonce chez les confrères. Afin de leur redonner espoir, la Compagnie a organisé une journée de formation sobrement intitulée « la stratégie des cabinets » en juillet 2018. Le programme était assez vague mais le titre laissait présumer une vraie belle analyse de la situation et des réponses concrètes sur les actions à mettre en œuvre afin d’anticiper la disruption à venir (à savoir, la disparition quasi complète du marché du jour au lendemain).

La déception a été à la hauteur de l’espoir suscité par cette formation, immense.

Matinée de la formation :

1/ deni sur la loi Pacte à venir, guéguerre avec les différentes instances de contrôle, et annonce d’une contre proposition au gouvernement pour, au contraire, renforcer l’audit légal obligatoire… A suivre.

Déception.

2/ demande aux participants de participer à un sondage pour savoir si : l’impact serait fort sur une activité prédominante (cata absolue), faible sur une activité prédominante (cata relative), fort sur une activité non prédominante (cata un peu moins relative), faible sur une activité non prédominante (pani problem).

3/ participation au sondage et pas d’annonces des résultats. Déception.

Pause déjeuner

Après midi de la formation :

4/ Annonce des stratégies proposées par la compagnie :

  • renforcement de l’activité par une action commerciale forte (si on trouvait des mandats de grosses boites facilement, cela se saurait…. surtout dans le cadre d’un resserrement du marché….)
  • abandon de l’activité et développement d’autres compétences, dont le conseil
  • repositionnement sur les sociétés pour lesquelles les mandats sont perdus sur l’activité ……… d’expertise comptable

Grosse déception. Attendre 5 heures pour entendre ça…

5/ table ronde avec des confrères présentant les 4 cas du point 2.

6/ questions réponses avec la salle.

A la question, « comment faire lorsqu’il y a déjà un expert comptable chez un de nos clients perdus ? ». Réponse de la Compagnie « c’est délicat ».

D’écœurement, j’ai quitté la salle. Sans avoir eu la réponse à ce fameux sondage….

Donc en gros, c’est la guerre à venir entre confrères. 90% des confrères ont la double activité Expert Comptable / Commissaire aux Comptes. La plupart du temps, c’est l’expert comptable qui recommande le Commissaire aux Comptes au client. J’espère que les confrères seront à la hauteur, et ne se laisseront pas aller à une bassesse pareille (« déshabiller Pierre pour habiller Jacques »).

A aucun moment durant la formation, il n’a été question « de stratégie océan bleu« , de stratégie nouvelle, de créativité. Le commissaire aux comptes est un professionnel de la finance compétent, déjà en place chez des clients avec qui il a un lien de confiance.  Avec un peu d’imagination, on peut proposer autre chose que de shooter l’expert comptable en place…

Bref, il est temps de prendre des vacances, de faire une pause, et de lire de bons livres de stratégies !

Comme tous les ans, nous fermons pour ré ouvrir début septembre en pleine forme. Bonnes vacances à tous.

 

 

 

Après des années à l’évoquer, le Gouvernement a décidé de relever les seuils d’obligation de nomination des Commissaires aux Comptes (CAC) afin de les aligner sur les seuils Européens.

Pour mémoire, en France, un Commissaire aux Comptes est obligatoire si une société dépasse 2 des seuils suivants :

  • SARL : 1.550 K€ de bilan, 3.100 K€ de chiffre d’affaires et 50 salariés
  • SA : obligatoire dès la création sans condition de seuils
  • SAS : 1.000 K€ de bilan, 2.000 K€ de chiffre d’affaires et 20 salariés. Et obligatoire sans conditions de seuils si la SAS contrôle et est contrôlée par une société quelque soit sa forme juridique

Le gouvernement, pour alléger les obligations des PME, propose de remonter ces seuils à 4.000 K€ de bilan, 8.000 K€ de chiffre d’affaires et 50 salariés. L’annonce sera faite a priori le 2 mai 2018 dans le cadre de la loi PACTE. En gros, l’économie sera de 5.000 € HT par entreprise, et devrait concerner 150 à 190.000 entreprises. Economie pour les entreprises sans contrepartie d’impôt : entre 750 et 950 millions d’euros.

Sans rentrer dans le débat de l’intérêt d’avoir des seuils aussi bas (surtout dans les SAS holdings), on ne saura que plus tard si c’est la peur du gendarme ou la qualité des experts comptables qui permettait d’avoir des comptabilités présentables.

Ce qui est intéressant dans cette histoire est que :

  • Les commissaires aux comptes sentaient venir le coup depuis plus de dix ans (on m’en avait déjà parlé pendant mon stage d’expertise comptable en 2007)
  • Les deux syndicats de la profession ne s’entendant pas, aucune proposition commune n’avait été préparée (l’un des syndicats proposait une norme allégée pour les PME, pendant que l’autre répliquait « an audit is an audit »)
  • De même, un des deux syndicats n’avait pas présenté de candidats à la dernière élection de la Compagnie pour ne pas avoir à gérer l’annonce négative auprès des confrères (et de devenir « responsable » de l’échec)
  • Ce n’est qu’après l’annonce faite par Bruno Lemaire à Colmar le 22 février 2018 que la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes a commencé à préparé un argumentaire et une « campagne médiatique » (cette campagne est restée tellement confidentielle qu’aucun de nos clients n’est au courant)

Autant dire que l’affaire était pliée d’avance… La seule question qui reste en suspens est : les mandats de CAC vont ils s’arrêter dès la promulgation de la loi, ou vont ils aller au terme du mandat (pour rappel, six exercices) ? Tout le monde devine un peu la réponse à l’avance…

De notre côté, nous avons quelques mandats (essentiellement en Province) mais cette activité n’avait pas été particulièrement développée compte tenu de la forte probabilité que la remontée des seuils soit effective. D’autres confrères n’ont pas géré comme nous et vont avoir du mal à s’en remettre.

L’autre serpent de mer est la suppression de la profession réglementée d’expert comptable. La question est : combien de temps le gouvernement va nous laisser pour nous remettre de la suppression des CAC avant de récidiver ?

 

 

 

C’est en effet le 19 Septembre 1945 qu’est né l’Ordre des Experts Comptables par Ordonnance.

Les ruines de la guerre étaient encore fumantes mais le Gouvernement Provisoire a jugé qu’il était primordial de créer un Ordre pour rétablir l’ordre. Incroyable non ? C’est tellement incroyable, que ce n’est pas vrai.

Les mauvaises langues diront que l’Ordre est en fait né pendant la seconde guerre mondiale sous le Régime de Vichy (comme la plupart des autres Ordres professionnels d’ailleurs) mais que pour les besoins de l’histoire, c’est l’Ordonnance de 1945 qui a été retenue comme date de naissance. Un petit rajeunissement qui évite de se référer à une période sombre de l’histoire….

Le Congrès de l’Ordre des Experts Comptables est donc le 70ème du genre et se tiendra du 30 Septembre au 2 Octobre au Palais des Congrès de Paris.

http://www.experts-comptables.fr/lordre-et-ses-entites/congres/70e-congres-paris-2015/70e-congres-paris-2015—2169

Si vous voulez venir observer les dernières couleurs tendances pour les vestes en velours côtelé, les derniers modèles de chaînes pour lunettes, ou les lustrines les plus sexy, n’hésitez pas, c’est un festival ! Trêves de plaisanterie, le Congrès a pour thème L’Expert Comptable Numérique. Rajeunissement de l’image, modernisation, tel est l’objet du Congrès. On revient de loin….

Les Expertes étant en zéro papier, full internet, et dématérialisation totale, nous irons vérifier si une nouveauté nous a échappé ou quelles sont les tendances d’avenir.

Quickbooks (édité par Intuit) est le leader des logiciels de gestion aux Etats Unis pour les TPE / PME. Et Quickbooks débarque en France en septembre 2015. C’est bon ça pour nous ?

J’ai eu l’occasion d’assister à une présentation et une démonstration du logiciel Quickbooks vendredi dernier au Loft Roquette à Paris. La présentation était assurée par Philippe Barré, du groupe Pluriel, l’expert comptable qui conseille les experts comptables. Chaque fois que je le vois, je pense à la maxime de Warren Buffet « les seuls qui se sont enrichis pendant la conquête de l’Ouest sans prendre aucun risque, ce sont les vendeurs de pelles ». Philippe Barré est le vendeur de pelles de la profession des experts comptables. Alors quand il présente un logiciel, on écoute pour savoir ce que l’avenir nous réserve…

Pour en revenir à Quickbooks, c’est un logiciel de gestion en ligne (en full web). Le logiciel permet de faire des devis, d’émettre des factures, de les envoyer par mail au client, de suivre les paiements des factures, sa trésorerie quotidienne, de relancer ses clients, de prévoir les paiements de factures fournisseurs à régler, et de produire la déclaration de TVA au régime réel… Quickbooks n’est pas du tout un logiciel de comptabilité : il ne gère pas la notion de stock, ni les immobilisations, ni les écritures de bilan, ni la paye. Le logiciel s’adresse plutôt à une clientèle de TPE dans le tertaire avec une faible volumétrie à saisir. L’abonnement mensuel commencera à 15€ HT et sera proportionnel au nombre d’accès simultané demandé par le client.

L’intérêt pour un expert comptable de travailler avec un client utilisant Quickbooks, est de récupérer le travail de « saisie » faite par le client (sans qu’il ne s’en rendre compte) pour lui proposer une tenue moins chère que si l’expert faisait la saisie lui même. Avec une vigilance particulièrement accrue sur la saisie des factures fournisseurs dans le logiciel et en particulier de la récupération de la TVA.

Les deux bémols pour les clients : les données sont intégralement hébergées aux Etats Unis, et le client doit saisir son login internet et mot de passe d’accès à son compte bancaire en ligne pour que les données bancaires puissent être récupérées quotidiennement. Ca peut bloquer certains clients….

A suivre donc car a priori vu le budget publicitaire prévu, nous (les experts comptables) allons en entendre parler à la rentrée….

Un soir de cette semaine, alors que je regardais tranquillement BFM TV avec les infos en boucle, je suis tombée sur la nouvelle pub pour les experts comptables.

Au moins, on peut dire qu’elle ne laisse pas indifférent. Sur le coup, j’ai eu honte…. ce que j’ai vu moi, c’est un type tétanisé sur qui fonce un autre type. Celui qui ne bouge pas ce demande ce qu’il va lui arriver. Et puis pendant 10 secondes de slow motion, le second fait un câlin à l’autre, qui du coup, est soulagé.

Ce que j’interprète donc, c’est que l’expert comptable (le type statique) se demande s’il n’a pas fait une connerie et ne va pas se faire engueuler… puis est totalement dominé par le chef d’entreprise qui l’embrasse (de remerciement il faut croire)…. Je n’ai pas compris le message.

Je viens d’aller lire l’interprétation faite par l’agence de pub qui a créé le spot : celui ci donnerait en 30 secondes une image moderne de l’expert comptable, partenaire de confiance de l’entreprise….

Et bé: moderne, un homme en costume gris… partenaire, un type tétanisé qui se demande à quelle sauce il va être mangé…. tout ça, c’est pour nous faire passer la pilule du cout du spot payé par nos cotisations…. J’espère juste ne pas être la risée de mes clients….

Allez pour se préparer :  http://www.youtube.com/watch?v=M4nlQdZX8gg

 

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Le temps du monopole et du respect entre confrères…

  • Premier coup de semonce, un arrêt de la cour de Cassation (chambre commerciale – n°12-19356) du 10 septembre 2013 qui en vient à la conclusion que :

– un confrère peu pointilleux sur la déontologie ne peut pas être sanctionné pour concurrence déloyale (dans les faits, reprise de client sans avertir le confrère)

– démarcher par téléphone les clients d’un confrère n’est pas un acte de concurrence déloyale

Quand je pense que pendant tout le stage d’expertise comptable (3 ans), l’Ordre des Experts Comptables nous a bassiné avec le fait que le démarchage était interdit, puis après, qu’il n’était plus interdit, mais qu’il ne fallait pas en faire….. (un confrère ayant attaqué le Code de Déontologie a réussi à faire supprimer l’article du code suite à une décision de la Cour de justice de l’Union Européenne en 2012). Il y en a qui ne s’embarrasse pas trop avec les prescriptions de leur Ordre de tutelle….

L’histoire se passe à la Réunion mais la décision ouvre de belles perspectives pour les confrères francs tireurs…

  • Deuxième coup de semonce, la Commission Européenne demande à la France de justifier l’existence de ses professions réglementées selon trois critères (intérêt général, proportionnalité et suppression des barrières à l’entrée de la profession, non discrimination en fonction de la nationalité ou lieu de résidence) et d’en tirer les conclusions d’ici 2015. Les taxis ont du souci à se faire, mais les experts comptables aussi. La fin du monopole est pour 2015 il faut croire. La France fait partie des 11 pays sur 27 qui ont encore un monopole pour l’expertise comptable en Europe.

Même si l’image de l’expert comptable est excellente auprès des clients et qu’il y a peu de souci à se faire, c’est le croisement des deux informations qui est perturbant. En gros, les actuels illégaux, devenus légitimes en 2015, vont démarcher en force les clients des experts comptables en tirant les prix vers le bas. Ce sera le seul argument opposable à la technicité et savoir des experts comptables (8 ans d’étude, quand même).

Il est plus que temps d’affiner sa stratégie d’ici là : spécialisation de niche, prestations de conseil haut de gamme, travaitl sur le rapport qualité/prix, ou option pour le low cost…. Tout est permis mais il va vraiment falloir se positionner clairement pour faire face à une concurrence frontale à laquelle les experts comptables ne sont pas du tout habitués.

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