L’art et la manière de rater sa candidature
C’est peu être à cause du temps mitigé, ou de cette ambiance de « peut-être sortie de crise » qui n’en finit pas, mais la société Les Expertes reçoit une moisson de candidatures spontanées complètement ratées et à force, il faut dire, que ça énerve de perdre son temps.
En voici un florilège des plus savoureuses pour se détendre :
– candidature reçue par mail : homme avec 22 ans d’expérience (donc au moins la quarantaine), présentation plutôt soignée du CV pour un poste de juriste en entreprise. J’ouvre la lettre de motivation adressée aux Expertes (il faut noter l’effort) qui commence par « Messieurs ». Pas « Messieurs, Mesdames » ou « Mesdames, Messieurs », juste « Messieurs ». Donc le type écrit à une société qui s’appelle les Expertes et s’adresse à des hommes. Ce type a du vivre dans une grotte pendant vingt ans et ne pas s’apercevoir qu’il y avait aussi des femmes chef d’entreprises. Sentant le misogyne parfait, j’ai répondu à ce mail « Madame, nous ne recrutons pas de juriste ». Franchement, ça énerve.
– candidature reçue par téléphone : appel à 13h pour demander si la société recrute. Alors je pose la question, quel est l’intérêt d’appeler à 13h ? Au pire, la personne laisse un message sur le répondeur avec une chance nulle d’être rappelée. Appel perdu. Ou alors, elle tombe sur quelqu’un qui décroche en plein repas et qui, énervée, lui dit que non elle ne recrute pas même si ce n’est pas vrai. A quoi pensent les jeunes. C’est l’heure de leur pose entre les cours, alors ils appellent. Ca ne sert à rien !
– candidature reçue par mail. Illisible. Un ancien agent de sécurité recyclé en comptabilité qui recherche une première expérience. Le mail étant totalement illisible, je m’épargne la réponse. Trois heures plus tard, appel au téléphone et message furieux disant qu’il a envoyé une candidature par mail et qu’il n’a pas reçu de message. Demande à être rappelé sans laisser de téléphone. Comme s’il n’y avait que lui qui candidatait. Deux heures plus tard, sms disant qu’il exigeait une réponse suite à son mail et son appel. J’ai renvoyé une réponse en disant que s’il continuait, je portais plainte pour harcèlement et que bien entendu, je ne comptais pas le recruter.
– candidature reçue par courrier (assez rare pour être signalée). A priori favorable même si le CV sent la réorientation forcée et que la candidate n’habite même pas en région parisienne (mais dans l’Eure). Et là, une lettre qui indique que mon nom lui a été donné par une illustre inconnue d’un village où je n’ai jamais mis les pieds. En plus, ils prennent les recruteurs pour des cons…
Je passe les lettres truffées de fautes d’orthographe, les appels d’apprentis sans entreprise à 15 jours du délai qui expliquent à des experts comptables les avantages fiscaux des apprentis, les appels où le candidat apeuré bégaye sans que l’on comprenne ce qu’il dit…. Et cette foison date des 15 derniers jours seulement…
A quoi pensent les jeunes ? Les entreprises sont submergées de candidatures. C’est celui qui offre un emploi qui est en position de force actuellement sur le marché du travail. Au delà du niveau technique attendu, c’est le marketing qui fait la différence : la présentation, le soin mis à la candidature, la diction.
Alors, candidats, si vous voulez sortir du chômage ou trouver un premier emploi, faites un effort car ce ne sont pas les entreprises qui vont le faire !